Carnet de route

Pyrénées Orientales : de la Méditerranée au Carlit

Le 22/07/2023 par Jean-Paul Passinge

Fans des parcours de grande itinérance, nous souhaitions nous lancer cette année dans une traversée d’envergure. La chaîne des Pyrénées nous a toujours fascinés : le contraste nord-sud, ses nombreux canyons, des sommets emblématiques, de nombreux espaces de « wilderness », … y sont pour beaucoup. Relier la Méditerranée à l’Atlantique est un rêve de beaucoup de « backpackers ». C’est donc devenu notre « challenge 2023 ».

N’ayant pas le temps matériel, et probablement pas le physique, pour réaliser ce périple d’une traite, nous décidons de scinder l’aventure en plusieurs tronçons et choisissons d’attaquer cette année par le secteur que nous connaissons le moins : les Pyrénées Orientales.

Deux grands principes ont guidé notre aventure : laisser la voiture au garage (donc voyager en train et bus) et être complètement autonomes pour des tronçons de 4 à 5 jours entrecoupés d’étapes dans les villages (points de passage obligés où nous pourrons ravitailler).

L’itinéraire que nous suivons, avec quelques variantes, est la Haute Route Pyrénéenne, qui suit au mieux la ligne de partage des eaux entre France et Espagne. Nous démarrons donc de Banyuls en grimpant dans les vignobles pour traverser le massif des Albères. Les crêtes sont somptueuses mais les sources indiquées sur notre guide sont souvent taries, si bien que la recherche d’un bon emplacement de bivouac n’est pas toujours aisée ; et quand il y a de l’eau, il y a aussi des sangliers ! La traversée du Col du Perthus et de son autoroute est une parenthèse quelque peu incongrue au milieu de cette traversée. Une étape à Amélie-les-Bains nous permet de faire le plein de … nos estomacs et du sac en prévision de la traversée du massif du Canigou. En 2 jours, nous devons passer de 200m d’altitude (Amélie-les-Bains) à 2784m (sommet du Canigou), en passant par la Crête du Barbet ; ce qui nous vaut une étape de 13h et 1900m de dénivelée, puis une seconde, après une très mauvaise nuit au milieu d’un troupeau de vaches, chacune équipée d’une belle cloche (on se demande bien quand elles dorment!), de 1400m. Le bivouac aux lacs de Cady fût certainement l’un des plus beaux. Une variante HRP par la crête du Puig Roja (sublissimo, dirait notre ami Marc) où Rupicapra pyreneica (l’isard ou chamois local) y est plus abondant qu’ Homo sapiens (l’homme sage) nous conduit en 2 jours supplémentaires à la très belle vallée d’Eyne puis en Cerdagne où nous faisons étape à Font-Romeu. Nouveau changement de décor avec le massif du Carlit et ses nombreux lacs. Aisément accessible, c’est une région très visitée, été comme hiver ; la voie normale du Carlit (2921m) est même pourvue de 2 itinéraires de montée et de descente distincts ! Heureusement, en partant tôt du bivouac, nous avons le privilège d’être seuls au sommet … pendant quelques minutes. Le versant Ouest du Carlit est quant à lui beaucoup moins fréquenté. C’est donc dans une ambiance plus sereine que nous rejoignons notre dernier bivouac avant l’Hospitalet-près-l’Andorre et sa gare.

Bien sûr, ce parcours de 12 jours n’est que l’introduction d’une HRP complète. Relier la Méditerranée à l’Atlantique représente environ 45 jours de marche, plus de 700 kms et près de 45000m de dénivelée positive. Réaliser cette traversée en autonomie est une option qui alourdit évidemment les sacs (12 à 14kgs) mais nous laisse plus de liberté pour l’organisation de nos étapes et le choix de l’itinéraire. Les bivouacs, surtout nous permettent de vivre des moments magiques bien souvent à l’écart de toute présence et infrastructure humaine.

Nos yeux sont maintenant braqués sur la suite : les montagnes d’Ariège nous attendent ...

Marie-Noëlle et Jean-Paul

CLUB ALPIN FRANCAIS LA MURE MATHEYSINE
9 VOIE PIERRE BARNOLA
38350  LA MURE