Carnet de route

La Sortie des Refusés à la Brèche des Casses

Le 27/01/2024 par Lucien Vinciguerra

En 1863, des artistes refusés au salon officiel de peinture décident d’organiser leur propre salon d’exposition : le Salon des Refusés. Ils ont pour nom Monet, Pissaro, Renoir, Sisley, auxquels se joint un peu plus tard Manet.

En 2024, des cafistes refusés à la sortie officielle de ski de rando décident d’organiser leur propre sortie : la Sortie des Refusés. Ils ont pour nom Lucien, Carine, Thomas, Sylvie, auxquels se joint un peu plus tard Pascal.

L’objectif est la brèche des Casses, un petit col non nommé sur la carte IGN, un peu avant le Rissiou en partant du Collet après Vaujany.

On chausse à la voiture, mais la neige est bien gelé. En montant, on hésite : on suit la route enneigée ou on monte droit ? Ski ou crampons ? On choisit finalement de monter en crampons skis sur le sac, et ça s’avère une bonne solution, qui permet d’aller droit et d’entraîner ses cuisses pour les courses d’alpi du printemps. Arrivés au soleil, on progresse skis aux pieds dans une neige agréable qui reste ferme malgré la chaleur. On entre dans le beau cirque où se détache au fond la pente du Rissiou. A gauche, plusieurs couloirs neigeux, skiables, entourés de piliers rocheux chargés de neige. Notre objectif est plus loin à droite, plein sud.

La pente d’accès à la brèche, de 30 à 35 degrés, se remonte facilement. Sur les trente derniers mètres, la pente se redresse à 40-45. Au dessus à droite il y a une corniche surplombante, mais à gauche, il y a juste 1m50 à 55 degrés. C’est donc raide mais très court et peu exposé. J’hésite à y monter les skis, mais cela semble une évidence à tous les autres participants, alors on y va. Les trente mètres se remontent aisément en piolets crampons.

3 skieuses arrivent plus bas. Ce seront les seules dans notre couloir. Le vallon est très tranquille, avec quelques randonneurs au Rissiou.

Une fois en haut, j’appréhende un peu les premiers mètres de la descente. En capitaine de la sortie ayant une haute conscience de l’éthique avec laquelle je dois exercer les prérogatives de ma fonction, je crie : « Les femmes et les enfants d’abord ! ». Sylvie s’élance par dessus la corniche. Derrière, la neige a l’air très bonne et vite, après un petit dérapage, elle fait son premier virage. Ça semble très bien passer. Carine, notre Olympia en doudoune, la suit rapidement et teste à son tour la solidité de l’ensemble. À moi. C’est plus facile que prévu, malgré un petit oubli technique au départ dont je tairai la nature, du fait d’une préparation un peu impressionniste. La neige est excellente, décaillée comme il faut, et nous enchaînons les virages au soleil jusqu’au replat au fond du vallon.

Bon, il ne faut quand même pas que je laisse croire que nous avons tous fait un saut aérien et photogénique de la corniche, suivi de grandes courbes à mach 2. Non. Nous n’avons pas été refusés pour rien à la sortie officielle. Tous ces rebuts, auraient-ils dit, ne savent pas dessiner de belles courbes, juste bons à faire des taches. Un peu comme Monet, Pissaro et Manet, en somme.

Sur le replat, Le Déjeuner sur l’Herbe est vite englouti. En descendant, la neige, pas encore transformée, devient un peu plus lourde. Puis on retombe sur une excellente transfo, dans un petit vallon déniché par Sylvie qui nous permet d’arriver ski au pieds à la voiture.

Il fait chaud. C’est le printemps, la neige va vite fondre, et les Nymphéas sont déjà en fleur.

Heu… J’ai des lacunes en botanique, je ne suis pas tout a fait sûr que c’étaient des nymphéas.

Plus de photos ici : https://zzz.zaclys.com/Breche-des-Casses,a75,105815







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