Carnet de route

Tabor 2 - CAF La Mure 0
Le 13/10/2023 par Salle Pierre
Mercredi 20 septembre, il n’y a pas école, avec Yves, nous proposons à Sandra et Christophe d’aller essayer la toute nouvelle voie en versant est du Tabor : « Gabbro(*) c’est fino(**) ».
(*) Le gabbro est l’une des roches constituant le Tabor et les Oreilles du loup. Pour les géologues, c’est une des roches caractéristique des planchers océaniques (ophiolites), au même titre que le basalte et la serpentinite. On en trouve également, entre autres, à Chamrousse, du côté des lacs Robert. Pour le grimpeur, c’est un rocher très adhérent mais fragile par endroits.
(**) Par ailleurs, les plus de cinquante ans auront sans doute reconnu dans le nom choisi un jeu de mots foireux évoquant une fameuse chanson interprétée par Hervé Vilard dans les années 60-70. (Je fais ce que je peux, tout le monde n’a pas la plume affutée de notre vice-président préféré...)
Nous quittons donc le parking de La Chaud ce mercredi matin vers 8 h, la tête bien couverte pour protéger nos belles coiffures, car le vent du sud est déjà bien pénible. Jusqu’au col, c’est un peu plus calme, mais dès l’entrée dans le couloir de Chamoissière, on sent bien que çà ne va pas être une franche rigolade. On attaque néanmoins l’escalade, un peu laborieusement, jusqu’au 5ème relais (même pas la moitié de la voie), puis on décide rapidement et d’un commun accord que çà commence à bien faire et qu’on n’est pas venu là pour se faire secouer. Nous battons donc piteusement en retraite, but météo ou but mental, comme vous voudrez, toujours est‑il que le Tabor mène 1 ‑ 0. Retour au parking, requinqués par un breuvage magique, le moral remonte en flèche et nous nous promettons de revenir le plus tôt possible pour la revanche.
Vendredi 13 octobre, la météo laisse envisager un créneau de beau temps, mais toujours avec du vent du sud. Avec Yves, nous choisissons de repartir du dernier relais atteint (R5). Nous avons pris un petit perfo et 6 points, afin de modifier quelques relais qui ne nous conviennent qu’à moitié, dans chacune des voies. Les sacs sont donc un peu plus lourds que trois semaines auparavant. La première traversée (L6) n’est pas inoubliable : pas de difficulté, mais un terrain pas complètement aseptisé et pas mal de tirage vers la fin. La suite est beaucoup plus intéressante : deux longueurs assez raides où il faut s’employer un peu, en tirant sur les prises avec précaution. Une bonne quinzaine iront rejoindre le couloir et elles ne seront probablement pas les dernières. On ne regrette donc pas d’avoir réduit l’espacement des points. Au R8, le vent est devenu insupportable. Sans hésitation, nous jetons l’éponge : 2 – 0 pour le Tabor. En cassant la croûte bien à l’abri sur l’autre versant, tout en contemplant les lacs, on n’a même pas les boules.
On se dit qu’on reviendra l’année prochaine, essayer de réaliser le premier enchaînement. A moins qu’une autre cordée ne l’ait déjà fait avant notre deuxième tentative. En effet, à l’avant dernier point de la 8ème longueur, un ficelou rouge oscille au gré du vent, témoin du passage de grimpeurs anonymes, dont nous serions ravis de recueillir les impressions, au cas où ils se reconnaitraient. Quoi qu’il en soit, si l’aventure vous tente, choisissez de préférence une journée sans vent de sud (ou en dessous de 30 km/h) et soyez délicat avec le rocher si vous ne voulez pas changer d’étage trop brutalement.