Carnet de route

Raid raquettes en Vanoise

Le 27/03/2025 par Jean-Paul Passinge

Lors d’une randonnée d’été, Pascale me glisse subrepticement à l’oreille « Ma fille Charlotte va garder le refuge de la Leisse l’hiver prochain. Il y a parait-il, de jolis circuits à faire en raquettes dans le secteur… ». Il n’en faut pas plus pour titiller ma curiosité !

J’étudie avec attention guides et cartes et en effet, le tour de la Sana en 4 jours permettrait de relier 3 des plus beaux vallons de Vanoise : celui du Font des Fours, celui de la Rocheure et celui de la Leisse, voire, si les conditions sont optimales de tenter l’ascension de la Sana, plus haut sommet de ce secteur avec ses 3436m.

De nombreuses alternatives sont étudiées, car prévoir les conditions nivo-météorologiques au moment où il faut réserver les refuges, soit 3 mois à l’avance, relève d’un optimisme franchement excessif. A quelques jours du départ, le groupe étant constitué, je confirme les nuitées aux refuges, malgré des prévisions météo très médiocres.

Le lundi 24 nous rejoignons Val d’Isère d’où débute notre raid. La montée au refuge du Font des Fours, assez brève est comme un échauffement avant la longue journée du lendemain. Les averses de neige ne diminuent pas notre enthousiasme car nous savons maintenant que la météo nous sera favorable les jours suivants.

Le mardi 25, nous démarrons vers 8h pour une longue étape nous menant au pied de la voie normale de la Sana. Depuis le Font des Fours, l’itinéraire zigzague entre parois rocheuses et cirques glaciaires afin de rejoindre le versant Nord de la Sana. Le site est grandiose et très sauvage : aucune trace ou presque. Un col à 3023m donne accès à la voie normale. Mais la montée dans une neige profonde avec de lourds sacs, nous a épuisés et retardés, si bien qu’après le pique-nique nous décidons de descendre directement au refuge de la Femma.

Le mercredi 26, nous devons rejoindre le refuge de la Leisse (gardé par Charlotte), via le Col de Pierre Blanche. C’est une longue traversée qui nous attend, avec de superbes échappées sur la Dent Parrachée et les Glaciers de la Vanoise. Comme l’itinéraire passe en dévers au-dessus de barres rocheuses, nous chaussons les crampons ; heureusement que la neige porte bien ! L’étape étant assez courte, nous gardons les crampons pour faire l’ascension d’un petit 3000, la pointe orientale de Pierre Brune à 3049m. Montée fastidieuse dans une pente trop raide pour nos raquettes mais pénible en crampons dans de la vieille poudreuse. Le sommet étant exigu pour un pique-nique, nous redescendons au col, avec précaution, la neige recouvrant à peine les dalles schisteuses du sommet. Nous rejoignons ensuite tranquillement le refuge de la Leisse superbement installé sur son promontoire rocheux. C’est un refuge rudimentaire, constitué de 3 chalets indépendants. La toilette y est très succincte : l’eau (de fonte) étant précieuse. Ces conditions sont largement compensées par l’accueil chaleureux des gardiennes, Charlotte et Louise.

Nous retrouvons nos jeux préférés (« 6 qui prend » et « Mot malin »). Une excellente bière belge accompagne un savoureux repas pour une soirée des plus plaisantes.

Le jeudi 27 est la journée de retour, par un col soi-disant facile devant nous ramener sur Val d’Isère. La remontée du vallon de la Leisse sous le regard de la Grande Casse est un des plus beaux moments du raid. Nous sommes maintenant sous la muraille rocheuse qui prolonge la Sana au Nord mais nous ne distinguons pas notre col. Seules des traces de descente de skieurs sont visibles mais dans des pentes garnies de poudreuse et trop raides pour nous. Le moral des troupes est au plus bas. Nous décidons de revenir au Col de la Leisse et basculer sur Tignes. Avec du recul, nous voyons maintenant où nous aurions dû passer : 50 m au-dessus de nos traces, un itinéraire semble se dessiner au-dessus des barres. Mais parfois, il faut savoir renoncer !

Le retour de Tignes à Val d’Isère a été un des épisodes les plus épiques : pas moins de 5 bus différents pour enfin retrouver notre voiture. Comprendre le système de couleurs des bus n’a pas été simple mais l’occasion de beaux fous rires.

Merci aux participantes (Aliette, Marie-Noëlle, Pascale et Stéphanie) pour leur enthousiasme, leur persévérance et leur bonne humeur qui ont été à la hauteur des paysages rencontrés et qui ont fait de ce raid de 4 jours une formidable aventure en montagne.

CLUB ALPIN FRANCAIS LA MURE MATHEYSINE
9 VOIE PIERRE BARNOLA
38350  LA MURE