Carnet de route

Se prendre un Râteau n'est pas si Grave

Le 31/08/2021 par Alice Martin

Récit d’un week-end d’alpi dans les Ecrins: Pic de la Grave le samedi et Rateau Ouest par le pilier Paquet le dimanche.

Avec le Yves, Coralie, Thibaud R, Marc C.

 

C’est au petit matin, alors que le village de la Mure est encore endormi, que cinq CAFistes partent en direction de la Grave, pour attrapper l’une des premières bennes du téléphérique. Au menu du week-end: ascension du Râteau Ouest par le pilier Paquet.

La première journée est sensée être débonnaire: montée d’à peine de 300m de dénivelé au Col de la Lauze, puis redescente jusqu’au refuge de la Selle, où nous passerons la nuit. Avec les facilités du téléphérique qui nous dépose quasiment d’une seule traite à 3200m d’altitude, certains s'imaginent déjà passer l’après-midi à faire la sieste au refuge, ou à lézarder au soleil.

C’est sans compter sur le zèle de nos encadrants, qui nous ont secretement concocté une petite course pour cette première journée: le Pic de la Grave, presque sur notre passage. Ce sommet commence par le passage d’une rimée et l’ascension d’une pente de neige, qui se révèle plutôt vétue de glace en cette fin de saison d’alpi. Le Yves, armé de 2 piolets, s’élance vaillament en tête des 2 cordées pour protéger cette montée un peu délicate. Derrière, ça tape fort sur les piolets, certains ravis de pouvoir s’entrainer un peu avant la saison de cascade. On continue ensuite sur l’arête rocheuse; malgré les incitations de Coralie à grimper avec élégance, les crampons crissent sur le rocher. Le sommet est vite atteint; un rappel de 50m plus tard et une courte traversée sur le glacier de la Girose, et nous voilà arrivés au col de la Lauze, juste quand nos estomacs s’éveillent et réclament une pause pique-nique.

En contrebas, on aperçoit déjà le refuge de la Selle; mais il ne faut pas crier victoire trop vite: une pente raide constituée d’éboulis et de pierriers nous sépare encore de notre abri pour la nuit. Nous atteignons le refuge juste avant l’heure du gouter, à temps pour profiter du soleil de fin d’après-midi.

Le lendemain, lever à 4h30 et départ trente minutes plus tard en direction du glacier de la Selle. Malgré une petite déviation de l’itinéraire, la marche d’approche se passe (presque) sans accroches. Nous attaquons le pilier vers 8h15, derrière une cordée de chamoniards peu amènes. La température est plus clémente que prévue, mais on garde quand même les gants jusqu’à ce que les premiers rayons de soleil effleurent la paroi. La première partie de la voie, plutôt facile, se passt agréablement et efficacement; on serpente sur le fil de l’arête, les filles en réversible, Marc et Thibaut sagement derrière le Yves. Une arrivée sur un relai à trois pitons nous annonce ensuite le “crux” de la voie: un ressaut plus raide côté 4c, sensé être équipe de quelques pitons. Le plus dur est finalement de trouver l’attaque de ce ressaut; les yeux de lynx de Coralie finissent tant bien que mal par repérer le premier piton. Une fois le passage franchi, la course continue le long de l’arête, en grimpant un peu plus qu’au début. Suivant les conseils du topo, on contourne toutefois le dernier ressaut aérien et bien raide; même si celui-ci fait envie à Coralie: ce sera peut-être pour une prochaine fois !

Nous atteignons le sommet à peine 3h après avoir attaqué. La redescente vers le col de la Girose se fait ensuite par la voie normale: plutôt débonnaire, avec quelques pas de désescalades plus impressionnants que techniques. L’arrivée au col est l’occasion de remplir nos estomacs affamés, avant de redescendre le col en direction du téléphérique, plutôt en bonnes conditions sur ce versant. Mais il faut toutefois rester vigilant jusqu’au bout: le bas du glacier est strié de grosses crevasses, et nous terminons notre descente par des sauts de cabri pour enjamber chacune d’entre elles.

Arrivés à proximité du téléphérique en début d’après-midi, nous profitons de notre avance pour faire quelques exercices de mouflage: les encadrants se font tirer tout à tour par Alice, Thibaud et Marc. Et enfin – une fois n’est pas coutume – la journée s’achève non pas par une descente interminable dans les pierriers de l’Oisans Sauvage, mais à bord d’une benne qui avale rapidement les 1800m de déniv nous séparant du village de la Grave. De quoi avoir le temps de célébrer ce très beau week-end par un verre en terrasse !







CLUB ALPIN FRANCAIS LA MURE MATHEYSINE
9 VOIE PIERRE BARNOLA
38350  LA MURE